5 milliards de pages, une seule archive : lourd, très sécurisé et il faut Eurofiber pour le numériser

Des pétaoctets de données ne sont plus un mythe. Chez Youston à Genk, on peut les voir dans la vie réelle. L’entreprise stocke et numérise des archives en papier dont la taille est impressionnante. Ces feuilles de papier représentent énormément de bits et d’octets, au point qu’un réseau ordinaire est devenu un goulot d’étranglement pour l’entreprise. Le papier en question demande de la fibre.

En arrivant devant la grille fermée de la filiale de Youston à Genk, un sentiment de reconnaissance déplacé nous habite. Le grand bâtiment carré sans fenêtres, les mesures de sécurité pour y entrer… pour le journaliste d’informatique, tout cela n’indique qu’une chose : derrière la clôture se cache sans doute un centre de données. Le fait de vouloir réaliser sur place un reportage sur Eurofiber, le spécialiste de la fibre optique, renforce nos soupçons.

(Pas de) centre de données

Nous nous trompons complètement, et à la fois pas du tout. Pieter Vansynghel, responsable des relations d’entreprise du groupe Youston, sourit : « Nous n’avons guère de serveurs ici. Voulez-vous jeter un coup d’œil ? » Avec le directeur technique Wim Vanoeveren, nous parcourons les bureaux modernes et lumineux en direction de l’entrepôt. À l’extérieur, le soleil limbourgeois se couche tandis que Vansynghel nous guide, avec son badge, devant plusieurs portes sécurisées jusqu’au centre de données officieux.

Environ 4 milliards de pages s’y trouvent actuellement.

Pieter Vansynghel, responsable des relations d’entreprise du groupe Youston

Le grand entrepôt abrite de gigantesques étagères remplies de boîtes, elles-mêmes remplies de papier. Il semble impossible de voir où s’arrêtent les rayonnages, dans le noir. Devant nous se trouvent des palettes de boîtes, déjà prêtes à partir pour la numérisation ou à être réarchivées. Les yeux sont braqués sur des dizaines de pétaoctets de données analogiques.

5 milliards de pages

« On compte actuellement environ 4 milliards de pages », dit Vansynghel. « Et bientôt, un autre million de copies s’y ajoutera. » Youston stocke ces archives pour les clients et numérise sur demande. On peut tout numériser, ou simplement numériser des documents spécifiques sur demande.

« Nous veillons à ce que les boîtes soient réparties sur les étagères », poursuit-il. « Parce que sinon, le bâtiment risquerait de crouler sous le poids. La température et l’humidité de cette pièce sont contrôlées pour conserver le papier au mieux. Pour la même raison, il n’y a pas de sources de chaleur telles que des lampes suspendues au-dessus des rayonnages et les archives sont sombres. »

Youston
Pieter Vansynghel, responsable des relations d’entreprise, nous guide sur le site de Youston à Genk.

Youston se spécialise dans l’archivage et la numérisation des anciennes archives et se charge des papiers des hôpitaux, d’assurance maladie et des banques, entre autres. Pour moderniser et étendre ses activités, Youston a racheté l’année dernière la société iGuana, qui est plus grande et spécialisée dans la gestion de documents numériques. Youston elle-même est à la source : la gestion de documents numériques nécessite des documents numériques, et beaucoup de données sont toujours sur papier pour l’instant.

Disque dur lent

Le site d’Youston à Genk a été ouvert en 2020, après avoir obtenu l’approbation des instances gouvernementales et des pompiers. « En cas d’incendie ici, les entreprises voisines fondront en même temps et les pompiers devront combattre les incendies de l’autre côté du Canal Albert », explique Vansynghel. Mais un incendie est improbable ici. Tout le papier est empilé si serré que l’oxygène peut à peine l’atteindre. Rappelez-vous les Pages Jaunes de jadis, c’était vraiment impossible d’y mettre le feu non plus.

En rentrant dans la salle de réunion située à l’avant du bâtiment, Vansynghel explique comment Youston fait office d’une sorte de disque dur archaïque pour les clients. Les papiers des clients sont mélangés dans des boîtes, mais l’emplacement de chaque document est enregistré par un code. Si un client veut accéder à un document, sa requête est transmise à Youston. En moins d’une heure, un cariste a trouvé la bonne boîte et l’a apportée vers la station de numérisation, où d’autres employés préparent les documents en question (en enlevant les agrafes, par exemple), les scannent et les ajoutent directement aux systèmes du client.

Envoi des données en toute sécurité

« Depuis le rachat d’iGuana, nous avons deux autres sites en plus de celui-ci », explique le directeur technique Wim Vanoeveren. « Historiquement, les clients concluent des accords via ce site, celui de Zaventem ou celui de Prague. Pour des raisons contractuelles et de sécurité, il faut que les documents soient livrés en toute sécurité par le bon site. »

Une tâche tout à fait simple, n’est-ce pas ? Les données traitées par Youston sont très sensibles et on ne peut pas simplement les livrer sur l’internet public. Si les données sont stockées à Prague mais doivent ensuite être livrées via Genk, les scans doivent aussi voyager de la République tchèque à la Belgique avant d’être envoyés numériquement vers les systèmes du client. La croissance de Youston ayant été plutôt spontanée, l’infrastructure informatique nécessaire pour gérer tout cela n’était pas vraiment optimale.

« Nous transférions constamment des données de A à B à C, via les voies internet traditionnelles », souligne Vanoeveren. « Grâce aux pare-feux, au MPLS et à d’autres mécanismes, cela fonctionnait, mais la sécurité, la vitesse et la fiabilité se heurtaient à des limite ». Vanoeveren et Vansynghel affirment qu’ils ont déjà été confrontés à des caprices chez les fournisseurs internet classiques, quand une ligne internet tombe soudainement en panne et que l’entreprise se retrouve en file d’attente avec le reste des entreprises et des particuliers. « Ma mission consistait à étendre les fonctionnalités tout en réduisant les coûts d’exploitation », explique Vanoeveren. « J’ai donc cherché une solution globale. »

Partenaire dans plus que la connectivité

Voilà comment Eurofiber s’est présentée. Vanoeveren a conclu un partenariat avec le spécialiste de la fibre optique pour le développement d’une infrastructure informatique entièrement nouvelle. Le directeur technique cherchait pour cela plus qu’un simple fournisseur internet. « Eurofiber est un partenaire qui réfléchit avec nous et qui nous met en contact avec d’autres parties qui s’intéressent pour nos besoins informatiques, outre la connectivité. Eurofiber ne tire rien de tout cela. L’entreprise était libre de le faire ou pas, mais elle nous a aidés. » Le visage de l’homme témoigne d’une grande reconnaissance.

Youston
Eurofiber installe toujours elle-même, à ses frais, les connexions en fibre optique nécessaires. (image d’archive)

C’est par le choix de la fibre que tout a commencé : pas évident, car même les fibres noires (lignes de fibre optique inutilisées, « dark fiber » en anglais) n’étaient pas encore prêtes. Eurofiber a installé les lignes spécialement pour Youston. « Les choses se sont déroulées sans accroc », se souvient Vansynghel. « C’est en fait la demande de construction qui a pris le plus de temps. Tout a été construit à neuf, à leurs frais. »

Fibre optique personnelle

« Eurofiber ne propose que des fibres « dédiées » aux entreprises », explique ensuite Hans Witdouck, directeur général d’Eurofiber en Belgique. « Donc nous ne nous bloquons pas dans des réseaux partagés, mais cela implique aussi qu’il faut installer nos fibres dédiées proche des entreprises. D’une part, nous devons investir, mais d’autre part, cela correspond aussi à notre stratégie visant à mettre l’accent sur les entreprises. Dans certaines situations, il faut commencer par une seule entreprise, puis augmenter la taille de l’entreprise localement. Par défaut, nous construisons donc l’infrastructure à nos frais et ne répercutons jamais l’investissement sur le client. »

La fibre optique a été posée selon les règles de la côte, avec des lignes redondantes partant de chaque côté du bâtiment des archives et se développant le long d’autres côtés. Donc, par exemple, toute erreur d’un ouvrier dans une pelleteuse n’aura plus d’impact sur la connectivité à Youston à l’avenir.

La redondance et la sécurité sont essentielles pour Youston, car elle doit livrer des documents sensibles par voie numérique dans un délai fixé. Ces documents numérisés contiennent des informations médicales ou bancaires, par exemple.

Plus sécurisé

Witdouck : « Avec une fibre optique dédiée, on élimine pas mal de cyberdangers. Eurofiber ne propose que des fibres optiques dédiées, donc pas besoin pour les entreprises de partager la connexion physique avec d’autres. De plus, avec une connexion par fibre optique, le transport de toutes les données est chiffré, de sorte que même les données interceptées ne valent rien pour les pirates. »

L’importance de la sécurité et de la fiabilité est très claire compte tenu des clients de Youston. Mais le fait qu’une entreprise travaillant avec des données sur papier ait également besoin de l’énorme débit de la fibre reste presque inimaginable.

Beaucoup de petits (et grands) fichiers

Néanmoins, Vanoeveren clarifie les choses : « Pour certains clients, nous numérisons jusqu’à un million de pages par jour. Cela représente tout de même une moyenne de 200 Ko par image. » Vanoeveren veut faire passer ces images et ces PDF de ses propres systèmes à ses clients le plus rapidement possible. Après tout, tant qu’ils ne sont pas transmis et stockés numériquement sur les systèmes de Youston, l’entreprise en porte la responsabilité.

Pour certains clients, nous numérisons jusqu’à un million de pages par jour.

Wim Vanoeveren, Directeur technique du groupe Youston

« De plus, certains documents sont beaucoup plus volumineux », ajoute Vanoeveren. « Par exemple, nous numérisons aussi des documents patrimoniaux, des vieux journaux ou des microfilms. Il arrive aussi qu’il faut numériser des radiographies. Dans ces cas, la qualité est primordiale et les fichiers individuels ont facilement une taille de 500 Mo. »

Fondation d’un projet plus vaste

Avec Eurofiber, Vanoeveren a relié les sites de Youston de manière rapide, sécurisée et redondante, mais ce n’est pas tout. Dans les mois à venir, le directeur technique prévoit de profiter des nouvelles opportunités apportées par les connexions à haut débit.

Vanoeveren : « Dans la phase suivante, je veux rassembler toutes les données de numérisation en un point central. Il se peut que nous ayons alors besoin d’un autre serveur dans notre filiale locale pour tamponner les scans, mais rien de plus. En fait, nous envoyons sans cesse des données inefficacement. »

Initialement, Vanoeveren prévoit un l’externalisation en l’état (« lift and shift ») de sa propre infrastructure. « Nous étudions la possibilité d’une colocation temporaire de notre infrastructure. Et Eurofiber a voulu nous aider aussi dans cette démarche. À terme, nous voulons ensuite passer au cloud public. » Quand les sites seront connectés à un environnement cloud sécurisé, Youston pourra alors offrir une réelle valeur ajoutée. Vanoeveren rêve d’une plate-forme cloud « multi-tenant » où les scans arrivent en toute sécurité.

La fibre optique est une base solide et pérenne pour toute entreprise.

Hans Witdouck, directeur général d’Eurofiber en Belgique

Selon Witdouck, le fait que la fibre optique ouvre la porte à d’autres innovations est typique. « Cette technologie est une base solide et pérenne pour toute entreprise », affirme-t-il. « Compte tenu de l’économie de demain, une bonne connectivité est inévitable. Elle est devenue un produit de base sur lequel tout fonctionne. »

Le papier reste encore

Pour Vansynghel et Vanoeveren, l’investissement pour l’avenir en vaut largement la peine. Après tout, la numérisation ne disparaîtra pas immédiatement. Cette idée fait même rire les deux hommes. « Dans certaines situations, nous numérisons des fichiers, les entreprises les impriment et les nouvelles versions se retrouvent ici pour être à nouveau numérisées », dit Vansynghel.

« Nous numérisons également la poste des organisations », ajoute Vanoeveren. « Le matin, elles reçoivent donc cette poste non pas sur papier mais par e-mail, après quoi elles impriment parfois tout de même, signent éventuellement, et renvoient le tout par la poste. Il se peut très bien que cette poste revienne à nouveau vers nous. » Nous sommes étonnés de le constater, et ce n’est pas la première fois que Vansynghel et Vanoeveren voient ce genre de réaction. « Microsoft était également stupéfait. »

Grâce à Eurofiber, Youston a son infrastructure pour l’avenir. Le centre de données pour le papier à Genk profite d’une connexion par fibre optique rapide et fiable, et le service informatique peut en profiter. La production de papier se poursuit, et Youston est prête à envoyer à ses clients les scans nécessaires quand ils le demandent.

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