Lorsque la connexion Internet tombe, les applications et les données deviennent inaccessibles. L’impact peut être considérable. Un plan de cybersécurité doit donc inclure la connectivité dans sa vision d’ensemble.
La vie d’une entreprise moderne ne tient pas à un fil de soie, mais bien à un fil de fibre optique. Il y a dix ans, la connectivité était déjà importante, mais de nombreuses entreprises pouvaient encore fonctionner quelque temps sans Internet. Aujourd’hui, la transformation numérique avancée a rendu la connectivité cruciale pour le fonctionnement des entreprises.
Les rançongiciels peuvent chiffrer les données, paralysant ainsi une entreprise. Cependant, lorsque la connexion d’une succursale avec un centre de données est interrompue, les données et les applications deviennent tout aussi indisponibles. La cyber-résilience concerne donc plus que jamais le réseau. La redondance est donc à l’ordre du jour, selon Hans Witdouck, PDG d’Eurofiber Belgique.
Petite coupure, grand impact
« Tout le monde vit aujourd’hui une transformation numérique », déclare Witdouck. « Les processus critiques ne tournent plus dans le bâtiment où travaille la majorité du personnel, mais dans le cloud ou dans un datacenter en colocation. Il y a quelques années, une coupure de ligne internet causée par des travaux était ennuyeuse, mais l’impact restait limité. Aujourd’hui, une rupture de câble a de lourdes conséquences. »
Aujourd’hui, une rupture de câble a de lourdes conséquences.
Hans Witdouck, PDG d’Eurofiber Belgique
« De plus, la situation géopolitique a changé », poursuit-il. « Les gens constatent qu’un câble sous-marin peut être saboté. Sur terre, c’est encore plus facile. » Cette combinaison de facteurs a fait de la connectivité un sujet de premier plan dans les réunions de direction. « Les DSI se demandent comment se protéger. »
L’illusion de la redondance
Witdouck et Eurofiber gagnent leur vie en apportant des réponses à cette question. Selon lui, il existe de nombreuses options pour assurer la redondance, mais certaines sont meilleures que d’autres.
« L’option la plus simple consiste à insérer une deuxième fibre dans le même conduit », explique-t-il. « On se dit que ce n’est pas très malin. En cas de rupture de câble, les deux fibres seront sectionnées. Pourtant, cela arrive fréquemment dans la pratique. »
Witdouck évoque aussi ce qu’il appelle la « vendor redundancy » : « Dans ce cas, une entreprise souscrit deux connexions auprès de deux fournisseurs différents, par exemple une ligne chez nous et une autre auprès d’un autre opérateur télécom. »
Cartographier les trajets
Cependant, de nombreux opérateurs louent des lignes à d’autres. Il peut donc arriver que la ligne soi-disant redondante du second fournisseur passe également par le conduit d’Eurofiber. Si un câble est sectionné lors de travaux, les deux connexions tombent, et le client se retrouve sans réseau.
« Ce ne sont pas des légendes urbaines », souligne Witdouck. « Ces situations se sont déjà produites. » Deux solutions s’offrent alors aux entreprises : « Soit s’adresser à un fournisseur unique qui cartographie tout en détail, soit passer par un second prestataire et vérifier soi-même le tracé des fibres. »
Dans tous les cas, une véritable redondance exige de dessiner l’architecture complète de la connexion. Lorsque les lignes redondantes se croisent ou se rejoignent, cela crée un point unique de défaillance. Une véritable ligne de secours doit emprunter un trajet totalement distinct.
Redondance quadruple
Le niveau de redondance dépend de chaque organisation. Sur des sites critiques, comme des datacenters ou des infrastructures de contrôle aérien, les fibres optiques entrent par plusieurs côtés du bâtiment, sans aucune intersection. Parfois, on va jusqu’à trois ou quatre redondances. Dans d’autres cas, les lignes se rejoignent déjà sur le parking du site. « Cela peut suffire, mais si des travaux y sont effectués, un risque subsiste. »
Il ne suffit pas d’avoir un deuxième chemin de connexion
Hans Witdouck, PDG d’Eurofiber Belgique
« Il ne suffit pas d’avoir un deuxième chemin de connexion », ajoute Witdouck. « Ce chemin doit aussi rester fonctionnel, avec des composants actifs reliés à un autre réseau électrique. Sinon, une panne de courant peut encore couper la connexion. Le chemin alternatif doit également disposer d’une bande passante suffisante pour absorber le trafic lorsque la route principale tombe. »
Accès à la ligne de secours
C’est notamment avec cette idée en tête qu’Eurofiber a racheté Arcadiz au début de cette année. « Arcadiz possède une expertise complémentaire, non seulement dans la couche optique physique, mais aussi dans tout le réseau actif. Elle effectue des tests de connexion et une surveillance proactive du trafic, y compris sur les lignes redondantes. Ainsi, une panne peut être détectée et corrigée avant même que le client ne s’en aperçoive. »
Un deuxième pilier de la connectivité robuste concerne la réparation. « Si une ligne tombe malgré tout, il faut qu’elle soit rétablie le plus vite possible. Cette garantie est plus facile à obtenir auprès d’un fournisseur qui travaille exclusivement pour des clients professionnels. Une connexion partagée avec des milliers d’abonnés résidentiels obéit à une autre logique », explique Witdouck.
Un coût (calculé)
« La redondance a un prix, mais une panne coûte infiniment plus cher que l’investissement. » Selon lui, de plus en plus d’entreprises viennent frapper à la porte d’Eurofiber, en quête de résoudre ce casse-tête.
Grâce à la collaboration avec Arcadiz, Witdouck est convaincu que son entreprise est parfaitement positionnée pour y contribuer. « Le rachat porte déjà ses fruits. Un plus un devient vraiment trois. Lorsque des organisations confrontées à des problèmes plus importants viennent nous voir, je suis persuadé que ce que nous pouvons leur apporter est très difficile à surpasser. »
