Orange ouvre la ‘5G réelle’ pour le port d’Anvers, la Défense et la SNCB

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La Belgique est entièrement prête pour la ‘5G réelle’. Orange démontre comment les réseaux 5G autonomes posent les bases de l’infrastructure numérique au port d’Anvers, à la Défense et à la SNCB.

Orange ne joue pas un rôle de figurant au salon MWC. Elle peut se positionner comme l’une des rares entreprises européennes dans le même hall que Microsoft, Samsung, Lenovo et d’autres géants de l’industrie technologique mondiale. Alors que ces derniers clament haut et fort leur technologie d’IA, Orange insiste sur l’importance des réseaux 5G autonomes pour l’Europe.

Le déploiement trop lent de la 5G en Europe est depuis des années une préoccupation d’Orange et de ses concurrents dans le secteur des télécommunications. La 5G pose les fondations de l’infrastructure numérique et sans des fondations solides, une maison est instable. En collaboration avec plusieurs clients belges, Orange démontre l’importance de la 5G (autonome) pour la Belgique et l’Europe.

De la 5G ‘fausse’ à la 5G ‘réelle’

La Belgique a connu, c’est le moins que l’on puisse dire, un démarrage difficile avec la 5G. Les tergiversations politiques ont fait que les opérateurs de télécommunications belges n’ont pu commencer que tardivement la construction de leurs réseaux 5G. Ce retard est progressivement rattrapé, explique Philippe Toussaint, CTO d’Orange Belgium.

« Nous avons longtemps dû nous appuyer sur un cœur 4G pour notre réseau 5G. Maintenant, nous passons à la ‘5G réelle’ où la 5G est présente jusqu’au cœur du réseau. Cela offre de nombreux avantages pour augmenter la capacité et la vitesse du réseau 5G. Nous sommes enfin au début de la 5G autonome en Belgique. La 5G autonome en est encore à ses balbutiements, mais d’ici 2026, nous visons une couverture nationale complète sur tous nos sites ».

La différence avec les réseaux 5G auxquels votre téléphone se connecte réside dans le back-end. Les mâts avec des antennes 5G peuvent déjà gérer les fréquences (et les vitesses) 5G, mais les protocoles sous-jacents qui permettent par exemple le découpage du réseau, nécessitent une nouvelle infrastructure.

Lors d’une brève visite du stand Orange, nous voyons quelques cas d’utilisation rendus possibles par la ‘5G réelle’. Un véhicule ressemblant à un tank attire immédiatement notre attention. Notre guide explique que ce véhicule est équipé de capteurs de température pour prédire le risque d’incendies de forêt. Un drone est stationné sur le véhicule, qui donne l’alerte à temps avant qu’une mer de flammes destructrice ne puisse se déclencher. Ce serait certainement surprenant de rencontrer ce véhicule lors d’une promenade en forêt.

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Ce drone peut prédire les incendies de forêt avant qu’ils ne causent des dégâts importants.

Main tendue

Orange invite les organisations à se lancer elles-mêmes dans la 5G. L’opérateur de télécommunications se concentre sur le développement d’API réseau pour les développeurs de logiciels afin d’intégrer des services basés sur la 5G dans leurs applications, sans nécessiter une connaissance approfondie de l’infrastructure de télécommunications. Les API s’inscrivent dans l’initiative Open Gateway de la GSMA et la plateforme open source Camara de la Linux Foundation, qui visent une plus grande standardisation des réseaux de télécommunications européens.

Orange met ses API directement à la disposition des développeurs, mais collabore également avec d’autres opérateurs européens pour pouvoir les déployer à l’échelle mondiale. Entre autres, Ericsson, Vodafone et Verizon ont rejoint le projet. « Le code place une couche d’abstraction sur l’équipement réseau et est indépendant d’un fournisseur », explique Werner De Laet, Chief Enterprise Officer chez l’opérateur de télécommunications.

Nous avons longtemps dû nous appuyer sur un cœur 4G, mais maintenant nous sommes passés à la ‘5G réelle’.

Philippe Toussaint, CTO Orange Belgium

Xavier Pichon, PDG de la branche belge d’Orange, prend la parole. « Tout le monde est invité à participer à Camara. Ce n’est pas conçu comme une compétition : plus la norme sera largement adoptée, mieux ce sera. La sécurité est cependant cruciale dans le développement des API. » Une partie qui semble décliner l’invitation d’Orange est son grand concurrent Proximus. Proximus a annoncé dans la semaine du MWC une collaboration avec Nokia autour de l’offre d’API réseau.

Voie navigable intelligente

L’objectif de la conférence de presse est principalement de démontrer la valeur ajoutée de la 5G Standalone dans la pratique. Rien ne fonctionne mieux que de laisser les clients en parler eux-mêmes. Sous le regard approbateur de Pichon, Toussaint et De Laet, Wim Dillen, Directeur du Développement Commercial au Port d’Anvers-Bruges, témoigne de la manière dont la 5G est appliquée dans le port.

La collaboration entre Orange et le port remonte à plusieurs années. En 2019, le port d’Anvers était l’un des premiers sites en Belgique où Orange a installé un réseau test 5G. Depuis lors, le port est devenu un véritable terrain de jeu pour les innovations numériques, comme nous l’avons découvert l’été dernier. Les applications vont des drones survolant le port aux capteurs guidant les bateaux vers le bon quai. « Sans la 5G, toutes ces applications ne seraient pas possibles », affirme Dillen.

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« Nous sommes en train de développer activement un ‘système de perception numérique’ sécurisé dans le port », poursuit-il. « Quatre priorités sont essentielles pour nous : la localisation, l’identification, l’autorisation et la signalisation. Nous disposons de grandes quantités de données que nous pouvons utiliser avec la 5G pour un port plus intelligent et plus sûr. La prochaine phase consiste à coupler ces données à l’intelligence et à la coordination ».

Les applications 5G ne se limitent pas à Anvers et Zeebrugge. En collaboration avec le néerlandais KPN, Orange met en place une ‘voie navigable intelligente’ reliant les ports belges jusqu’à Liège au port de Rotterdam. Cela garantit que les bateaux ne perdent pas la connexion en cours de route. Dillen : « Optimiser un seul maillon de la chaîne n’a qu’une valeur ajoutée limitée ».

Guerre hybride

L’atmosphère jusqu’alors détendue change pour devenir sérieuse lorsque c’est au tour du lieutenant-colonel Gunther Godefridis. « La guerre hybride menace la sécurité numérique de notre pays. Chacun doit pouvoir utiliser l’infrastructure numérique en toute sécurité », commence Godefridis. Ses mots ne sont pas exagérés, comme le démontrent une fois de plus les récentes cyberattaques russes contre le gouvernement belge.

La Défense a créé un cybercommandement en 2022 pour mieux armer la Belgique contre cette guerre hybride. Godefridis : « Heureusement, nous ne sommes pas dans un état de guerre physique, mais nous devons réaliser que ce n’est pas une période de paix. La cybersécurité n’a pas de frontières : des acteurs étatiques mènent des attaques complexes et le cybercrime-as-a-service augmente l’échelle. Nous organisons des exercices avec des partenaires pour les préparer à différents types de menaces, mais l’armée elle-même doit aussi être préparée aux attaques ».

L’année dernière, Orange a lancé un projet pilote avec la Défense pour le déploiement d’un réseau de communication 5G hautement sécurisé qui reste disponible dans toutes sortes de situations possibles. « La 5G peut être un atout stratégique important, mais elle ne doit pas devenir une vulnérabilité en soi. C’est pourquoi nous regardons en premier lieu vers des solutions européennes », déclare Godefridis.

La 5G est un atout stratégique, mais ne doit pas devenir une vulnérabilité en soi.

Gunther Godefridis, lieutenant-colonel de la Défense

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Un troisième cas d’utilisation de la 5G qu’Orange démontre est en collaboration avec la société des chemins de fer belges SNCB. Quiconque voyage beaucoup en train aura déjà régulièrement pesté contre la qualité du réseau mobile. Non seulement les navetteurs, mais aussi les contrôleurs et les conducteurs de train bénéficient d’un réseau stable.

En 2020, la SNCB a lancé un projet pilote avec LINDA, un nouveau système pour optimiser et sécuriser la procédure de départ. Auparavant, il y avait peu ou pas de communication possible entre le conducteur et le contrôleur, de sorte que le conducteur devait faire confiance au fait que la procédure avait été correctement exécutée. Aujourd’hui, les contrôleurs portent une sorte de montre intelligente avec laquelle ils peuvent donner un signal au conducteur lorsqu’ils peuvent partir.

Le projet connaît des difficultés de croissance. « La surcharge d’un réseau peut faire en sorte que les signaux ne soient pas transmis ou le soient tardivement. Surtout pendant les heures de pointe dans les gares très fréquentées, il peut arriver que la capacité soit épuisée par les appareils des passagers. Avec la 5G Standalone, nous pouvons filtrer le trafic plus efficacement », explique De Laet.

Le test est un exemple parfait de network slicing : une capacité importante de la 5G qui permet d’isoler une partie d’un réseau. De Laet : « Cela nous permet de donner la priorité aux cartes SIM du personnel ferroviaire et de les isoler avec des geofences. Cela réduit considérablement le risque d’interruptions dans la communication entre le conducteur et le contrôleur. Nous commençons par un projet pilote dans quatre gares où le réseau est traditionnellement très fréquenté ».

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Le network slicing 5G doit assurer que les trains de la SNCB puissent partir en toute sécurité.