Actuellement, Signal est l’application la plus populaire dans sa catégorie, tant pour iOS que pour Android. Elle surpasse ainsi l’application WhatsApp de Meta et Mark Zuckerberg. D’où vient cet intérêt ?
Signal gagne en popularité en Europe. Dans le Play Store de Google comme dans l’App Store d’Apple, le service de messagerie figure en tête de liste des applications les plus populaires dans sa catégorie. Selon l’entreprise elle-même, l’intérêt pour Signal croît depuis janvier et se poursuit actuellement. D’après un porte-parole de Signal, la Belgique est l’un des pays où la croissance du service est la plus rapide.
Quel est le problème ?
WhatsApp appartient à Meta, de Mark Zuckerberg. Ce dernier s’est montré un fervent partisan du président américain Trump et a aboli, depuis son investiture, les règles de modération contre les fake news (en Amérique). La protection de la communauté LGBTQ+ a également été remise en question, tant en ce qui concerne la politique interne de diversité chez Meta que sur les plateformes de médias sociaux elles-mêmes. Ainsi, il est désormais explicitement acceptable pour Meta de qualifier les personnes LGBTQ+ de malades mentaux. Ceux qui souhaitent s’y opposer peuvent chercher une alternative à WhatsApp.

Plus généralement, le populaire WhatsApp fait partie du groupe commercial Meta. WhatsApp sécurise vos messages via un chiffrement de bout en bout, mais enregistre néanmoins avec qui vous envoyez des messages et quand. Ces métadonnées contribuent au réseau publicitaire de Meta, dont l’équipe de Zuckerberg tire profit. De plus en plus de personnes en sont conscientes, et le fait que les contacts sociaux soient enregistrés comme données pour des publicités ciblées ne plaît pas à tout le monde.
Un exemple concret clarifie la situation : vous avez un ami qui souhaite acheter une nouvelle voiture et qui fait lui-même des recherches à ce sujet sur Internet. Meta le sait évidemment, via les cookies de suivi. Vous envoyez souvent des messages à cet ami via WhatsApp, mais pas nécessairement à propos de la voiture. Meta connaît votre connexion et pourrait éventuellement vous marquer aussi comme cible pour la publicité automobile. En effet, votre opinion peut influencer celle de votre ami, et vice versa.
Les annonceurs paient Meta pour cette capacité de publicité numérique très ciblée, ce qui fait que votre utilisation de WhatsApp contribue directement au chiffre d’affaires de Meta. Dans le climat géopolitique actuel, tous les utilisateurs de WhatsApp ne sont pas heureux de cette situation.
- Meta et son PDG Mark Zuckerberg sont encore plus controversés depuis la nomination du président Trump aux États-Unis, et l’utilisation de WhatsApp contribue à leurs revenus.
Pourquoi Signal ?
Signal est l’alternative toute désignée à WhatsApp pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le principal avantage technologique de WhatsApp provient en réalité de Signal : le chiffrement de bout en bout qui garantit que personne ne peut lire vos messages est une implémentation du protocole ouvert de Signal. En ce qui concerne la sécurité du contenu des messages, vous êtes donc au moins aussi bien protégé avec Signal.
Plus important encore est ce que Signal fait avec les métadonnées : absolument rien. Signal ne garde pas trace de vos correspondants ni du moment de vos échanges. Votre vie privée est ainsi davantage préservée, et vous ne contribuez pas financièrement au réseau publicitaire d’une multinationale dont les pratiques éthiques ne vous conviennent peut-être pas.
- Signal est une application similaire avec presque les mêmes fonctionnalités et un chiffrement des messages très sécurisé, mais elle ne conserve pas vos métadonnées.
D’où vient l’argent ?
Cela est possible car la Signal Foundation, contrairement à Meta, est une organisation à but non lucratif. Signal est dirigée par Meredith Whittaker, une défenseure de tout ce qui concerne la vie privée personnelle. L’entreprise elle-même tire ses revenus de donateurs, dont plusieurs philanthropes aux poches bien garnies et sensibles à la question de la vie privée.
La Signal Foundation est une organisation à but non lucratif.
Entre autres, Brian Acton a déjà fait don de 50 millions de dollars. Acton a fondé WhatsApp, a travaillé brièvement pour Meta (alors Facebook) après l’acquisition, mais a quitté l’entreprise en 2017 en raison de préoccupations concernant la vie privée et l’orientation de l’entreprise. Acton a ensuite cofondé la Signal Foundation, dans une apparente tentative de recommencer l’histoire de WhatsApp, mais cette fois en mettant l’accent sur l’intégrité.
Les utilisateurs font également des dons à Signal, qui fait preuve de transparence quant à ses coûts. Faire un don est un terme important ici, par opposition à investir. Ceux qui font un don n’acquièrent pas soudainement un pourcentage de propriété dans la fondation. Il n’y a pas d’investisseurs avides derrière la Signal Foundation, et donc aucune pression commerciale pour conserver les données des utilisateurs ou en tirer profit. Signal dispose ainsi d’un modèle de revenus qui le rend plus résistant à l’appel commercial qui pousse d’autres entreprises à faire de leurs utilisateurs leur produit.
- Signal et la Signal Foundation fonctionnent avec des dons plutôt que des investissements. L’application est gérée par une organisation à but non lucratif et n’est donc pas soumise à des pressions commerciales.
Pourquoi tout le monde ne change-t-il pas ?
La première question est de savoir dans quelle mesure vous vous souciez de la controverse entourant WhatsApp et Meta. Un deuxième facteur est la facilité. En Europe, WhatsApp est immensément populaire, et le changement est perçu comme une corvée.
De plus, il n’y a pas une parité complète des fonctionnalités entre WhatsApp et Signal. Signal dispose bien d’un client de bureau, mais celui-ci est un peu plus limité, notamment en ce qui concerne l’envoi de gifs. L’accent mis sur la confidentialité fait également que les sauvegardes de messages sont un peu plus compliquées.
Néanmoins, une tendance se dessine où les Européens souhaitent donner une chance à Signal. Les chiffres de téléchargement de l’application en témoignent. Cela illustre un désir d’alternative à WhatsApp.
- WhatsApp peut faire un peu plus et est surtout bien établi partout. Même une petite action est rapidement perçue comme une corvée. Pourtant, Signal a du momentum.
Devriez-vous télécharger Signal ?
Vous n’êtes naturellement obligé à rien, mais pourquoi pas ? Ceux qui ne sont pas satisfaits du pouvoir de Meta réduisent la qualité du service publicitaire en déplaçant les conversations de WhatsApp vers Signal. Ceux qui ne sont pas favorables à la concentration du pouvoir chez les géants de la technologie en général contribuent à une alternative intéressante et sûre.
Un changement complet n’est pas nécessaire. Nous avons tous utilisé les SMS et WhatsApp côte à côte pendant des années. Vous pouvez parfaitement utiliser l’application aux côtés de WhatsApp. De cette manière également, vous faites un petit impact pertinent en tant que consommateur. Si Facebook Messenger, WhatsApp et Instagram ont une place sur votre téléphone, Signal peut probablement aussi y trouver sa place.

Enfin, la popularité de Signal envoie un signal aux dirigeants européens. Des voix s’élèvent de plus en plus pour lire vos messages, soi-disant au nom de la sécurité. Signal, par la voix de son PDG Whittaker, est un opposant très vocal à la réglementation de type Big Brother où l’État peut lire vos secrets personnels et d’entreprise. De cette manière, un téléchargement de Signal est un vote pour la sécurité et la confidentialité.
- Télécharger Signal ne vous coûte rien et peut se faire parfaitement sans que vous abandonniez complètement WhatsApp, si vous voulez donner une chance à l’application. Vous n’avez pas besoin de renoncer à WhatsApp pour utiliser Signal.
Que nous réserve l’avenir ?
La question de savoir si Signal va vraiment s’imposer à grande échelle reste ouverte. La plateforme dépend entièrement des utilisateurs. Signal est la seule véritable alternative à WhatsApp pour le moment. Telegram ne peut pas jouer ce rôle : l’algorithme derrière le chiffrement de Telegram n’est pas ouvert et donc pas garanti sûr, et la configuration de cette plateforme la rend trop idéale pour des fins malveillantes. D’autres solutions comme RCS n’ont pas encore suffisamment de protection de la vie privée intégrée à l’heure actuelle.
Signal espère en tout cas que l’élan se poursuivra, et communique donc avec joie sur les bons résultats dans le Play Store et l’App Store. WhatsApp reste l’application de messagerie la plus fonctionnelle, mais Signal se place en deuxième position. La principale raison d’installer l’application reste cependant idéologique. Il est difficile de prédire dans quelle mesure les gens sont et resteront engagés.