La situation est loin d’être apaisée entre Qualcomm et Arm. Qualcomm saisit maintenant à son tour les tribunaux, alléguant qu’Arm aurait délibérément entravé l’entreprise.
Le procès entre Arm et Qualcomm, qui s’est conclu à la fin de l’année dernière, a laissé des séquelles profondes entre les deux parties. Qualcomm aurait maintenant déposé à son tour une plainte contre Arm, selon des documents examinés par The Register. Le fabricant de puces se sent injustement traité et accuse Arm de sabotage délibéré pour concurrencer Qualcomm.
Juste avant les fêtes de Noël, le tribunal a donné raison à Qualcomm. Cela semblait mettre un terme à un long litige juridique concernant les licences. Pour Arm, l’affaire était close, mais Qualcomm n’est pas encore prêt à oublier et à pardonner. Qualcomm estime que le procès faisait partie d’un plan d’Arm pour s’établir comme concurrent sur le marché des puces pour serveurs.
Fournisseur ou concurrent ?
En substance, la plainte de Qualcomm concerne sa relation commerciale avec Arm, qui selon Qualcomm est ‘mal interprétée’. Arm est le détenteur des droits sur les designs ARM, qui peuvent être utilisés moyennant redevance par les fabricants de puces pour développer des puces pour ordinateurs portables et serveurs. Jusqu’à présent, Arm ne fabrique donc pas ses propres processeurs, comme l’a déclaré le PDG Rene Haas sous serment lors du procès.
Qualcomm soupçonne cependant Arm d’avoir un agenda caché. Le fabricant de puces suspecte qu’Arm souhaite également fournir des puces sous sa propre marque. Des développements récents semblent aller dans ce sens : selon des sources, Meta aurait déjà souscrit à des puces ARM fournies par Arm, bien que cela n’ait pas encore été confirmé par l’une des parties impliquées.
La société mère SoftBank serait derrière ce changement de cap, toujours selon Qualcomm. Depuis l’échec de l’acquisition par Nvidia, le conglomérat japonais cherche des moyens de rendre Arm plus rentable. Récemment, il a ajouté le fabricant de puces pour serveurs ARM Ampere à la famille.
Harcèlements
Si Arm commence à développer ses propres puces, cela changerait la relation avec les clients, craint Qualcomm. Non seulement parce qu’Arm deviendrait un concurrent en plus d’être un fournisseur, mais aussi parce qu’Arm pourrait obliger ses clients à acheter des puces. Qualcomm se plaint également d’une augmentation substantielle des frais de licence pour Armv9, malgré des ‘améliorations limitées’.
Selon Qualcomm, les harcèlements ne s’arrêtent pas là. Arm emploierait toutes sortes de stratagèmes pour saper la position de marché de Qualcomm, allant du refus de services, au non-respect des accords de licence, jusqu’à littéralement dénigrer Qualcomm auprès de ses clients. Arm a répondu par une lettre au tribunal pour rejeter la plainte. En tout cas, une réconciliation ne semble pas être à l’ordre du jour dans un avenir proche.