Dans le cadre d’un projet européen, le gouvernement belge souhaite implanter un centre de données d’IA dans notre pays. Le coût du plan partiellement subventionné s’élève à 80 millions d’euros.
L’UE souhaite construire treize usines d’IA réparties dans les États membres de l’Union, et la Belgique se porte candidate pour en accueillir une. La ministre fédérale de la Modernisation de l’administration, Vanessa Matz (Les Engagés), introduit une demande à cet effet, conjointement avec les régions, dans le cadre du projet global EuroHPC. L’Imec et l’Institut flamand de biotechnologie (VIB) joueraient également un rôle dans ce plan.
« Au nom de la Belgique, j’ai introduit auprès de la Commission européenne une candidature pour héberger une AI Factory sur notre territoire », déclare Matz elle-même sur les réseaux sociaux. « Un supercalculateur de nouvelle génération, entièrement dédié à l’intelligence artificielle. »
Comme elle le souligne, une « usine d’IA » est en fait un simple supercalculateur, mais équipé de GPU et optimisé pour les charges de travail d’IA. Jensen Huang, PDG de Nvidia et premier vendeur mondial de GPU, a inventé ce terme il y a quelques années et sa communication marketing pénètre désormais les plus hautes sphères du gouvernement.
Zellik et Charleroi
La Belgique propose un projet ancré dans deux sites connectés, avec une partie à Zellik et une partie à Charleroi. À Zellik se trouve le Green Energy Park, un parc d’innovation soutenu notamment par la VUB où Penta Infra a ouvert un centre de données moderne plus tôt cette année. Le centre de données « Nexus » accueillera entre autres le tout nouveau supercalculateur Tier-1 de Flandre, géré par la VUB. Ce système bénéficie déjà d’optimisations pour l’IA et le centre de données lui-même est théoriquement conçu pour prendre en charge les charges de travail HPC exigeantes avec une composante GPU.
La Wallonie dispose également d’un système Tier-1 : Lucia. Celui-ci est actif depuis fin 2022 et se trouve, ce n’est pas un hasard, dans un centre de données à Charleroi. Les sites proposés par Matz sont, en d’autres termes, déjà équipés pour accueillir et connecter les serveurs modernes nécessaires à un centre de données d’IA.
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Les start-ups, les PME, les chercheurs et les services publics auraient accès à l’infrastructure. Celle-ci doit soutenir le développement de services basés sur l’IA dans différents secteurs, tels que la santé, le climat, l’aérospatiale et la défense.
80 millions d’euros
Si Matz parvient à convaincre l’Europe, un investissement d’environ 80 millions d’euros suivra, dont la moitié sera financée par des fonds européens. À titre de comparaison, la machine Tier-1 de Zellik est budgétisée à environ douze millions d’euros. D’autres pays peuvent également se porter candidats et une décision concernant la répartition des treize usines d’IA dites sera prise en septembre.
Si la Belgique ne se voit pas attribuer le projet, Matz souhaite faire du pays une « antenne d’IA ». Dans ce scénario, les parties belges auraient accès à un centre de données d’IA d’un autre pays.
Nous notons encore que ce projet fédéral existe en parallèle de la construction de l’ordinateur Tier-1 à Zellik, qui fait partie d’un projet flamand. Ce système offrira également une puissance de calcul d’IA aux chercheurs et aux entreprises. L’accent du projet européen serait davantage mis sur le monde de l’entreprise et l’industrie, et le temps de calcul sera gratuit.
Pour la société et la recherche
« C’est aussi et surtout un instrument au service de la société et de la recherche », souligne la ministre. « Qui est accessible gratuitement aux chercheurs, aux start-ups, aux PME et à nos services publics. »
Matz souligne en tout cas l’importance d’un rôle européen dans le développement de l’IA. « Si nous voulons une IA éthique et fiable qui respecte nos valeurs, nous devons soutenir son développement ici en Europe. »