Le marché belge des centres de données mûrit chaque année, constate BDIA dans son rapport annuel. La demande pour plus d’IA et les investissements des hyperscalers devraient encore accélérer la courbe de croissance dans les années à venir.
BDIA, l’organisation parapluie de l’infrastructure numérique belge, fait le bilan de la progression du marché dans notre pays pour la deuxième année consécutive dans son rapport State of the Belgian Data Centers. Ce rapport se concentre principalement sur les centres de données qui servent à héberger des services de colocation. Ce segment s’est encore professionnalisé et consolidé d’ici à 2023, même si les centres de données d’entreprise restent le type le plus répandu en Belgique.
La surface totale de tous les centres de données de colocation belges est de 107 700 mètres carrés, soit une augmentation de sept pour cent par rapport à 2022. En déduisant les espaces de bureaux, etc, il reste 56 200 mètres carrés : une augmentation de dix pour cent par rapport à l’année prochaine. La capacité totale d’alimentation en énergie informatique a augmenté de neuf pour cent et atteint 93 MW.
Moins on est de fous, plus on rit
Curieusement, cette augmentation de capacité se fait avec moins d’installations de centres de données (de 44 à 43) et moins d’opérateurs (de 27 à 23). La disparition de Foneo du marché et les acquisitions de plus petits acteurs locaux par Datacenter United et NRB ont fait baisser le nombre d’opérateurs. Les quatre « grands » opérateurs du marché belge – Proximus, Digital Realty, Datacenter United et LCL – détiennent 75 % de la capacité informatique totale.
Il est fort probable que les proportions soient à nouveau bouleversées l’année prochaine. Proximus a mis en vente ses centres de données et, avec Kevlinx, EdgeConnex et surtout Microsoft, quelques grands acteurs sont prêts à entrer sur le marché. Microsoft souhaite également ouvrir sa région de centres de données à Bruxelles, qui devrait être opérationnelle dès l’année prochaine, aux services de colocation.
Bruxelles reste populaire
Le géant du logiciel basé à Redmond n’est pas le premier à vouloir installer un centre de données à Bruxelles. La capitale reste un centre de gravité pour les centres de données : soixante pour cent de la capacité se trouve à Bruxelles ou dans ses environs. 22 pour cent se trouvent effectivement sur le territoire bruxellois, de nombreux opérateurs optent également pour des communes périphériques telles que Zaventem et Diegem, ce qui fait de la province du Brabant flamand la plus occupée. Les centres de données situés à Bruxelles et dans ses environs ont une portée nationale, voire internationale, plus large que les centres de données situés dans les autres provinces, qui servent surtout à héberger des PME de la région.
Le fossé entre la Flandre et la Wallonie. 23 % de la capacité de colocalisation se trouve sur le territoire flamand, si l’on ajoute les communes périphériques bruxelloises, cela fait 70 %. La Wallonie n’en a que 7 %. Avec les centres de données de Google à Saint-Ghislain, qui représentent à eux seuls un quart de la capacité des centres de données en Belgique, la Wallonie dispose d’un atout unique que rend la Flandre et Bruxelles sans doute jalouses.
Nouvelle poussée de croissance grâce à l’IA
Tout indique que le marché belge des centres de données a un avenir radieux. La Belgique devient progressivement un marché phare dans le paysage européen des centres de données. La demande en matière d’IA et les investissements supplémentaires de Microsoft et Google stimuleront la croissance des infrastructures. BDIA prévoit une croissance annuelle moyenne de 12 % de la capacité des centres de données et de 18,5 % de la puissance informatique jusqu’en 2028.
Le marché de l’emploi en bénéficie également : pour réaliser cette croissance, il faudra employer douze à treize pour cent de personnes supplémentaires chaque année. En revanche, cette croissance est négative pour les emplois dans les centres de données des entreprises, qui deviendront de plus en plus redondants.