Les nouvelles mesures du gouvernement américain autour du cloud public pourraient nuire à Oracle, qui risque de perdre un client très lucratif.
Avant-hier, le gouvernement américain a proposé d’exclure la Chine du cloud public. C’est une nouvelle étape dans la guerre commerciale de plus en plus hostile entre Washington et Pékin. Si la réforme est adoptée, les fournisseurs américains du cloud ne pourront plus fournir d’infrastructure de cloud et d’IA aux entreprises chinoises.
Selon Business Insider, c’est particulièrement captivant pour un grand fournisseur : Oracle.
Petite leçon d’histoire
Pourquoi Oracle ? La société mène des activités avec l’une des entreprises technologiques chinoises les plus convoitées du moment. Revenons en 2020. Le gouvernement américain considère une interdiction de TikTok sauf si sa société mère ByteDance s’associe à une entreprise américaine.
Microsoft avait la possibilité de racheter l’entreprise de médias sociaux la plus populaire, mais c’est finalement Oracle qui gagne le trophée, à la surprise générale. ByteDance y trouve également son compte, car cette opération lui permet de garder le contrôle de son produit phare tout en satisfaisant aux exigences minimales de Washington. Non seulement Oracle est le fournisseur habituel de services cloud pour le marché américain, mais il détient également une part dans la plate-forme de médias sociaux.
À l’époque, le champagne a coulé à flots chez Oracle. La société souhaite briser la triarchie AWS, Microsoft Azure et Google Cloud, et quand un gros poisson comme TikTok est accroché, ces ambitions sont encore plus motivées. Le fournisseur cloud a enregistré une année record avec un chiffre d’affaires de près de 50 milliards de dollars. Les chiffres du marché montrent toutefois que Larry Ellison et les siens ont encore du pain sur la planche par rapport aux trois grands.
Que faire maintenant ?
Les règles que les États-Unis veulent maintenant appliquer rendent le mariage forcé entre Oracle et TikTok quasiment impossible. Elles obligeraient TikTok à s’associer à un acteur non américain. Les grandes entreprises technologiques chinoises telles qu’Alibaba et Huawei accueilleront ByteDance à bras ouverts.
ByteDance sait parfaitement qu’un accord avec l’une de ces entreprises impliquerait une sortie définitive des États-Unis, un marché clé pour toute plate-forme de médias sociaux. À cet égard, ByteDance se trouve également dans une situation délicate.
Et les autres fournisseurs cloud ? Ils ressentiraient beaucoup moins l’impact des restrictions sur le cloud, pense un célèbre analyste de Wall Street, Mark Moedler. Microsoft, par exemple, avec 21Vianet, dispose d’une entité distincte qui fournit des services Azure en Chine. La société fait également des affaires limitées avec des entreprises chinoises.
Ce même analyste relativise également l’impact que la disparition de TikTok aurait sur le chiffre d’affaires cloud d’Oracle. ByteDance achète exclusivement des services IaaS à Oracle, tandis que pour Oracle, l’essentiel des revenus se trouve dans la vente d’applications SaaS.
Aucun gain sans perte
La situation d’Oracle illustre parfaitement le fossé croissant entre les intérêts politiques et technologiques. Les entreprises technologiques des deux camps considèrent souvent avec consternation l’intensification de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine. Par conséquent, il semble que ce comportement macho politique entraînera des perdants plutôt que des gagnants.