Intel est en train de perdre 19 milliards de dollars et prend des mesures pour arrêter l’hémorragie. Falcon Shores est donc attendu après de précédents reports. En ce qui concerne les processeurs, il ne faut pas non plus s’attendre à grand-chose en 2025.
Au cours des 12 derniers mois, Intel a dû essuyer une perte de 19 milliards de dollars, comme le montrent les résultats trimestriels. Les PDG intérimaires David Zinsner et Michelle Johnston Holthaus doivent maintenant redresser la barre, après que l’entreprise a, à la surprise générale, mis le PDG Pat Gelsinger à la porte au début de l’année. M. Gelsinger a tenté de redresser la barre avec un plan pluriannuel, mais les résultats rapides n’ont pas été au rendez-vous, ce qui a entraîné sa mise à l’écart. Toutefois, une stratégie alternative ne semble pas en vue avant 2025.
Loin des ambitions imminentes de la GPU
La hache émoussée est en train d’être sortie. Après des années de retard, Falcon Shores doit disparaître. Falcon Shores a vu le jour comme une super puce ambitieuse du niveau de Grace Hopper de Nvidia ou d’Instinct MI300A d’AMD. Intel voulait ainsi combiner son architecture Xe-GPU auto-développée avec des cœurs de CPU propriétaires dans un ensemble qui devait être idéalement adapté aux charges de travail HPC liées à l’IA dans le centre de données.
Falcon Shores a ensuite été reporté et ses ambitions inversées : la puce deviendrait un GPU exclusif (à l’instar de l’Instict MI300X d’AMD) mais apparaîtrait définitivement en 2025. Aujourd’hui, il semble qu’aucun GPU Falcon Shores ne sortira du laboratoire. Le GPU restera un projet interne et devrait servir de tremplin à un nouvel effort : Jaguar Shores. Ce successeur devrait alors séduire le marché dans le futur.
Ce report est douloureux pour Intel, qui parle de Falcon Shores depuis des années et perd à nouveau la face. De plus, les concurrents AMD et Nvidia poursuivent leur développement avec diligence, et l’écosystème des accélérateurs et des GPU s’épaissit sans qu’Intel ne joue un rôle majeur. Qui attendra une troisième alternative dans quelques années ? Holthaus compte sur un grand intérêt.
Processeurs : attendez 2026
Les processeurs sont le cœur de métier d’Intel, mais même là, les nouvelles ne sont pas très bonnes. À la fin de l’année dernière, l’entreprise a fièrement annoncé que les premières puces Xeon Clearwater Forest étaient sorties avec succès de sa propre ligne de production 18A. Intel 18A est un mode de production qui devrait être compétitif par rapport à ce que TSMC peut offrir de mieux aujourd’hui. Des transistors plus petits permettent d’obtenir des puces plus efficaces et plus froides. Combiné à un bon design, Intel peut en fait faire un bras d’honneur à AMD et Epyc avec Clearwater Forest.
Seulement : Clearwater Forest n’apparaîtra pas cette année. La nouvelle échéance pour les puces Xeon est le premier semestre 2026. Pour justifier sa décision, M. Holthaus se réfère à Sierra Forest, qui sortira cette année. Il s’agit d’un processeur Xeon avec jusqu’à 288 cœurs de calcul, bien qu’il ne s’agisse pas de cœurs P traditionnels. Intel a truffé ce processeur de cœurs E économes en carburant et l’a positionné comme idéal pour les charges de travail en nuage. La demande de puces dotées de cœurs E économiques sans multithreading s’avère finalement moins importante que prévu. M. Holthaus parle d’un marché de niche. Lancer Cleatwater Forest si près de ce marché, Intel pense maintenant que ce n’est pas une bonne idée.
Nova Lake et TSMC
Selon l’entreprise, la ligne de production Intel 18A se porte bien. Les processeurs PC sous le nom de Panther Lake devraient être lancés d’ici la fin de l’année, mais ne sortiront pas de la bande 18A en grand volume avant le début de 2026. Cela implique tout de même qu’il ne faut pas s’attendre à des sauts significatifs dans la gamme d’Intel avant 2025. Le fabricant admet déjà de manière préventive que le lancement de Panther Lake cette année ne coïncidera pas exactement avec la production en volume.
Après Panther Lake, il y aura Nova Lake en 2026, qu’Intel, de manière assez surprenante, ne souhaite pas construire entièrement dans ses propres usines. Intel a déjà choisi TSMC comme partenaire de fabrication. Cela est d’autant plus remarquable qu’Intel possède de nombreuses usines en propre et souhaite offrir leur capacité à l’extérieur.
Spirale descendante, trajectoire ascendante
Les résultats financiers et la stratégie qui les accompagne ne sont guère réjouissants. Les chiffres d’Intel virent au rouge et les produits intéressants sont soit reportés, soit abandonnés. Intel est donc un peu à la traîne. En effet, AMD (et Nvidia) ne restent pas inactifs et Qualcomm lance également de nouvelles puces PC intéressantes.
Intel se retrouve donc dans une spirale descendante. Le constructeur de processeurs, autrefois intouchable, ne peut pas rester sur le marché aujourd’hui avec des puces qui surpassent clairement la concurrence. Souvent, c’est le contraire qui se produit, et les alternatives d’AMD et de Qualcomm sont meilleures. Même sa grande entrée tant attendue dans le monde des accélérateurs pour centres de données reste lettre morte, avec tout au plus quelques lancements à la marge. Cela pèse sur les résultats d’Intel, qui virent au rouge. Les PDG intérimaires réagissent à leur tour en retardant les produits, ce qui réduit la probabilité que les nouvelles puces prennent l’avantage sur celles des concurrents.
Mauvaise nouvelle, donc, même si le marché boursier ne panique pas. Nous constatons depuis un certain temps que la corrélation entre les résultats d’une entreprise technologique et l’évolution du cours de son action est très faible. Ainsi, malgré les sombres perspectives, le cours de l’action Intel est en légère hausse.