Selon le ministre de la Défense Theo Francken (N-VA), il est ‘d’une nécessité absolue’ que l’armée belge transfère son informatique vers le cloud afin d’accroître la sécurité numérique de notre pays.
Theo Francken, ministre fédéral de la Défense (N-VA), débloque une enveloppe de 61 millions d’euros pour investir dans la cybersécurité de la Belgique. Le ministre a trois projets en vue, dont la migration vers le cloud figure en tête de liste. Dès l’année prochaine, l’armée belge souhaite héberger son infrastructure informatique dans l’environnement sécurisé du cloud.
Le ministre Francken qualifie ces investissements de ‘pure nécessité’ dans le climat géopolitique actuel. ‘La réalité est dure. La Belgique a déjà été à plusieurs reprises la cible de cyberattaques sophistiquées. Les conséquences de telles attaques ne font que s’amplifier en raison de la présence d’institutions internationales dans notre pays’, déclare Francken au De Morgen. Le gouvernement belge a subi plusieurs cyberattaques en provenance de Russie le mois dernier.
Vers le cloud
L’une des principales priorités de l’armée belge est de passer en grande partie de ses propres centres de données au cloud. Cela devrait protéger la sécurité des données militaires sensibles et de l’infrastructure contre les attaques tant physiques que numériques. Il est vrai que le cloud offre généralement un environnement bien sécurisé, bien que vous soyez toujours en difficulté si quelque chose se passe mal dans un centre de données et que vous n’avez pas vos propres sauvegardes à disposition.
Des exemples de l’étranger renforcent la conviction de l’armée belge. L’Ukraine a rapidement effectué la transition vers le cloud après le déclenchement de la guerre. Entre autres, AWS a offert son aide au gouvernement ukrainien. En raison de leur grande importance dans l’infrastructure numérique, les centres de données deviennent une cible de la guerre physique et hybride. En Ukraine, les centres de données ont été gravement endommagés par des attaques de missiles russes et les cyberattaques pro-russes visent les infrastructures critiques.
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La migration vers le cloud est souvent plus difficile dans un contexte gouvernemental car la gestion des données est partiellement externalisée. Le choix du fournisseur de cloud par l’armée belge peut avoir des conséquences stratégiques. Le climat géopolitique actuel met sous forte pression les relations et les accords sur l’échange de données entre l’Europe et les États-Unis. S’engager avec l’un des grands acteurs américains pourrait avoir des conséquences majeures pour notre pays dans un contexte militaire.
Le spectre de Log4j
Le budget de sécurité numérique ne sera pas entièrement consacré au cloud. Francken souhaite également augmenter les capacités de renseignement sur les menaces de l’armée afin de mieux suivre les flux de données. À cette fin, un cybercommandement a été créé il y a quelques années au sein de l’armée pour maintenir la sécurité des infrastructures critiques, en collaboration avec le CCB.
Un troisième investissement concerne la sécurité du réseau. Le spectre du piratage Log4j de 2021, lors duquel le réseau de l’armée a été piraté, résonne encore. La Défense reçoit également l’aide d’Orange pour sécuriser la communication numérique sur les réseaux, comme elle l’a démontré lors du salon MWC.