Les API sont les briques du gouvernement numérique

api smals

Des centaines d’institutions publiques utilisent les services informatiques du gouvernement. Pour traiter jusqu’à des milliers de requêtes par seconde, un nouveau système de gestion des API a été créé. Smals explique à notre rédaction comment elle a réussi cette prouesse technique.

Depuis des années, le gouvernement belge s’attache vivement à numériser ses services aux citoyens et aux entreprises privées. De nombreuses applications utiles ont ainsi déjà vu le jour. Grâce à l’eBox, par exemple, les citoyens et les entreprises peuvent recevoir des documents administratifs sous forme numérique, tandis que la plateforme eHealth autorise un échange rapide de données de santé entre différentes institutions médicales, de manière sécurisée et dans le respect de la vie privée.

Le citoyen lambda n’est pas conscient de la complexité des plateformes informatiques du gouvernement. « Tout le monde veut un gouvernement efficace, mais il s’agit d’un écosystème complexe composé de centaines d’institutions, qui ont chacune leur mission et leur responsabilité dans le système. Le défi consiste à élaborer une plateforme qui permette à toutes ces organisations de communiquer entre elles de manière standardisée. », nous confie Willem Salembier de Smals, le prestataire de services informatiques de la sécurité sociale.

Les API constituent un maillon essentiel dans ce contexte. Ce terme, abréviation d’application programming interface, désigne des connecteurs invisibles qui permettent aux systèmes informatiques de différentes parties de s’interconnecter et d’échanger des données. Avec l’aide d’Axway, Smals a mis en place un système de gestion des API plus robuste et plus flexible pour un transfert de données plus fluide via le G-Cloud. Salembier a récemment dévoilé le projet lors d’une conférence de Gartner à Londres, mais il présente une nouvelle fois le projet spécialement pour nous.

Les citoyens veulent un gouvernement efficace, mais il s’agit d’un écosystème complexe. Le défi consistait à mettre en place une plateforme permettant à toutes ces institutions de communiquer entre elles de manière standardisée.

Willem Salembier, Solution Architect Integration Platforms chez Smals

Mieux que le REST

Salembier explique, chiffres à l’appui, pourquoi les rénovations en coulisses étaient nécessaires. « Rien que sur la plateforme eHealth, le nombre de requêtes peut atteindre trois mille par seconde lors des pics. Sur une base mensuelle, cela représente plus de deux milliards de requêtes. Il faut donc un back-end robuste et surtout évolutif pour gérer ces chiffres élevés et maintenir la plateforme disponible 24/7, avec une tolérance aux failures (« pannes » en français) la plus faible possible. »

Il s’agissait d’une procédure délicate, témoigne Salembier. « Étant donné que des dizaines de milliers d’utilisateurs s’appuient sur nos plateformes pour fournir des services essentiels, la transition vers une nouvelle plateforme devait affecter le moins possible l’expérience utilisateur. Nous nous sommes donc d’abord réunis avec des architectes de différents secteurs pour discuter des normes techniques que nous allions utiliser. »

« La standardisation est importante pour le fonctionnement de la plateforme, mais aussi pour la sécurité et le business. Avant, les sites web se comptaient par centaines, tandis qu’aujourd’hui, il n’y a plus qu’une seule solution back-end partagée. Cela nécessite moins de travail de maintenance et donc moins de coûts. En tant qu’architectes informatiques, nous espérons ainsi contribuer à la baisse des impôts. », déclare Salembier avec un clin d’œil.

Le choix s’est porté sur REST, qui s’est avéré une option évidente car REST est le standard de facto pour la communication des API. Salembier : « Les standards sont là pour une raison, il faut les respecter. Mon travail consiste parfois à évangéliser ce point de vue. J’entends parfois : « Nous avons notre propre API, elle fonctionnera aussi.« , mais ce n’est pas comme ça que ça se passe. Vous avez affaire à tant de parties dépendantes qu’une bonne gestion est nécessaire. Nous adoptons une approche pragmatique. Il règne encore beaucoup de confusion concernant RES, c’est pourquoi nous proposons un guide de style auquel les utilisateurs des secteurs public et privé peuvent également contribuer activement. »

willem salembier, smals
Willem Salembier, Smals

Pas de tolérance aux erreurs

À la suite d’un marché public, Smals a opté pour Axway. La nouvelle plateforme a été construite sur Amplify, un système de gestion des API. Salembier nous donne un mot d’explication sur la nouvelle architecture à l’aide d’un aperçu schématique. « Une passerelle a été placée entre le système du client et le back-end. Elle permet de vérifier chaque requête avant qu’elle ne soit transmise au backend. »

Cela bénéficie à la fois à la sécurité et à la capacité de la plateforme, poursuit Salembier.
« Le back-end ne doit traiter que les requêtes validées. Chaque requête suit le même schéma. Lors des pics, nous pouvons répartir les requêtes sur des périodes moins chargées par le biais de throttling et de quota. Nous informons toutefois le client en cas de surcharge ou d’autres problèmes. Il est important que les clients sachent ce qui ne va pas, surtout si le problème trouve son origine dans leur système. L’approche zero tolerance for failure signifie qu’il faut être très attentif à tout ce qui peut mal tourner. »

Smals entend ainsi également stimuler la réutilisation logicielle. Salembier : « Notre objectif est de contribuer à la mise en place d’un réseau ouvert et décentralisé entre les experts du secteur public. Ce workflow est indépendant de l’industrie et peut être réutilisé sur n’importe quelle API sans travail de développement supplémentaire. » Grâce à un catalogue public, les développeurs peuvent trouver des composants logiciels à (ré)utiliser ou présenter leur propre travail.

L’approche zero tolerance for failure signifie qu’il faut être très attentif à tout ce qui peut mal tourner.

Willem Salembier, Solution Architect Integration Platforms chez Smals

Le gouvernement en tant que plateforme

Le travail de Salembier et de ses collègues est loin d’être terminé. Pour poursuivre l’amélioration des services numériques à la société, le gouvernement devra également continuer à innover. Salembier est toutefois convaincu que les bases qui ont été jetées offrent suffisamment de flexibilité pour la suite.

« La prochaine étape consistera à mettre en place des API event-driven qui traitent les données de manière asynchrone et envoient des notifications lorsque le traitement est terminé. C’est plus efficace que de traiter toutes les requêtes en temps réel. Les systèmes nécessaires existent déjà, mais ils ne sont pas encore standardisés entre les institutions. Et bien évidemment, nous examinons également les développements dans le domaine de l’intelligence artificielle et du machine learning. », ajoute-t-il.

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Grâce à sa philosophie coopérative en matière informatique, Smals est également reconnue à l’échelle européenne. « En collaborant, en partageant et en réutilisant ce qui a déjà fait ses preuves, nous voulons permettre au gouvernement de mieux servir la société. Nous proposons le gouvernement en tant que plateforme aux citoyens. », conclut Salembier.

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