Digi se lance en Belgique : Proximus, Telenet et Orange doivent-ils s’inquiéter ?

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Jeroen Degadt (à gauche), Mitch De Geest (au centre) et Valentin Popoviciu (à droite). Source : Aaron Godderis

Digi Belgium fait officiellement son entrée sur le marché belge des télécommunications. Le quatrième acteur national des télécommunications vise des prix bas. Est-ce suffisant pour défier les opérateurs historiques ?

Bienvenue à l’événement estival de Digi « , plaisante Jeroen Degadt, General Manager de Digi Belgium, lors de son discours de bienvenue. Digi aurait voulu lancer son offre dès l’été, mais cela s’est fait juste avant Noël. Les réjouissances ne sont donc pas moindres : les invités d’honneur de la conférence de presse sont Mitch De Geest, CEO de Citymesh, et Valentin Popoviciu, présent au nom de la société mère roumaine.

« Il s’agit d’une étape importante pour Digi Communications. Partout où nous opérons en Europe, nous sommes un challenger sur le marché », déclare Valentin Popoviciu. Déjà présente dans son pays d’origine, en Espagne, en Italie et au Portugal, l’entreprise roumaine de télécommunications s’implante désormais officiellement en Belgique. Digi ne se contente pas de jouer un rôle de figurant : elle se profile comme un « quatrième opérateur national de télécommunications » et veut s’imposer aux côtés de Proximus, Telenet et Orange. Que peut-on attendre de ce nouveau venu ?

Tandem belgo-roumain

L’entrée de Digi sur le marché belge des télécommunications est attribuée à Citymesh, un fournisseur d’applications de réseau sans fil pour les entreprises. Citymesh a créé la surprise en 2022 en acquérant un spectre national dans le cadre de la sécurité 5G. L’entreprise basée à Oostkamp est ainsi rapidement devenue l’un des principaux acteurs du marché belge des télécommunications.

En tant que cofondateur du projet, M. De Geest ne pouvait manquer la conférence de presse. « Il y a une vingtaine d’années, j’ai fondé une entreprise avec quelques amis. Cette entreprise est devenue l’un des plus grands opérateurs commerciaux de connectivité sans fil en Belgique. Aujourd’hui, nous unissons nos forces à celles de Digi pour mieux servir le marché des consommateurs.

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La répartition des tâches est clairement définie. Digi offrira des services de télécommunications aux consommateurs, tandis que Citymesh se concentrera sur les entreprises. La collaboration avec Citymesh facilitera l’intégration de Digi.

Grâce au spectre détenu par Citymesh, elle ne doit pas s’adresser à des concurrents pour surfer sur leurs réseaux. A ses débuts, Digi doit encore s’appuyer sur l’infrastructure de Proximus, mais finira par mettre en place son propre réseau. Cela lui permettra de se profiler comme un quatrième acteur national à part entière. Digi souhaite également contrôler autant que possible son propre réseau de fibres optiques. « C’est nécessaire pour maintenir nos prix à un niveau bas », reconnaît M. Degadt.

Guerre des prix

Le tout nouvel opérateur de télécommunications sait quelle corde sensible il doit jouer. « Notre mission est de rendre les télécommunications à nouveau abordables », déclare M. Degadt. On sait depuis longtemps que les prix des télécommunications sont élevés en Belgique. Dans les études comparatives, la Belgique apparaît rarement comme un pays bon marché, tant à l’échelle européenne que mondiale.

Popoviciu invoque le manque de concurrence comme facteur explicatif. Il présente un graphique pour illustrer son propos. « Dans les pays où il y a au moins quatre opérateurs, les prix des télécommunications sont en moyenne inférieurs de plus de 50 %. M. Popoviciu aime faire une comparaison avec son pays d’origine, la Roumanie, qui figure parmi les cinq pays les moins chers du monde en matière de télécommunications.

Digi entend jouer le rôle de briseur de prix en Belgique. Degadt s’apprête à dévoiler l’offre et les prix tant attendus. L’offre mobile est d’emblée très simple : Digi propose un forfait avec 15 Go de données mobiles à cinq euros par mois. « Avec nous, vous n’aurez pas à vous soucier du choix », déclare M. Degadt en plaisantant. « Mais nous ne voulons pas seulement être bon marché : nous voulons aussi offrir aux consommateurs plus à des prix bas.

Accélérer la fibre

Cette ligne s’étend à l’Internet fixe, où Digi propose trois formules allant de 10 à 20 euros et promet des vitesses allant jusqu’à 10 Gbps. M. Degadt donne à ses concurrents un coup de pied aux fesses proverbial. « La fibre optique a un taux de couverture de 30 % en Belgique. Dans d’autres pays, le déploiement est beaucoup plus rapide.

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Digi posera elle-même la fibre optique autant que possible. Elle commencera à une échelle plutôt modeste à Bruxelles et s’étendra ensuite à d’autres villes. « L’activation du réseau ne prend que quelques jours. D’ici cinq ans, nous espérons que 2 millions de ménages seront raccordés à la fibre optique ». M. Degadt ne peut pas encore vous dire quand Digi arrivera dans votre rue.

Pour atteindre les municipalités belges les plus éloignées, Digi tend une main prudente à ses concurrents. De Geest : « Je pense qu’il est logique, en tant qu’industrie, d’examiner comment nous pouvons encourager le déploiement et rechercher des accords équitables en matière d’accès. Cela permet non seulement de réduire le coût de l’offre de fibre optique à un prix démocratique, mais aussi de réduire les désagréments pour les riverains, car la rue ne doit être défoncée qu’une seule fois. En cas d’échec, nous le ferons nous-mêmes, mais cela prendra plus de temps.

Le gourdin dans le poulailler

Digi peut-il secouer le marché belge des télécommunications ? L’entreprise semble ambitieuse lors du lancement, mais en même temps prudente. « Au cours de la période à venir, nous devrons d’abord attendre de voir la réaction du marché. Petit à petit, nous élargirons notre offre », explique M. Popoviciu.

Toujours ambitieux, M. De Geest est également conscient que les valeurs établies ne seront pas facilement mises de côté par un nouveau venu. « Nous sommes au début d’un jeu à long terme. À terme, nous voulons conquérir une part proportionnelle du marché, mais le marché est ce qu’il est. Nous sommes donc prudents lorsque nous fixons des objectifs. Mais si je ne croyais pas que c’était possible, je n’aurais même pas commencé ».

Il est difficile de nier que Digi commence avec un retard. Le fait que l’opérateur ne puisse pas encore offrir (ses propres) services 5G en est la preuve. De plus, Digi n’a pas encore commencé à déployer la fibre optique, alors que Proximus le fait depuis plusieurs années. Vu les millions d’euros que la fibre optique a déjà coûté aux opérateurs, il reste à voir dans quelle mesure Digi peut tenir sa promesse de prix bas, même si Degadt promet que Digi ne se rendra pas coupable d’augmentations de prix continues.

Pourtant, les opérateurs historiques du marché belge des télécommunications seront loin d’être satisfaits de l’arrivée d’un nouvel acteur. Avec la nécessité d’investir massivement dans la fibre optique et la 5G, une guerre des prix est la dernière chose que les opérateurs attendent. Avec des prix bas, Digi pourrait encore être en mesure de gagner rapidement des âmes. Le bâton a été jeté dans le poulailler.

Avec de nombreux investissements à réaliser dans la fibre optique et la 5G, une guerre des prix est la dernière chose que les opérateurs attendent.

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